Nous écrire :
Depuis la grande grille que nous franchissons, nous empruntons l’allée d’honneur en admirant les platanes qui ont plus de deux cents ans, et que Chateaubriand a cités dans ses Mémoires d’Outre Tombe.
Au bout de cette
allée, nous sommes accueillis par Madame Anna de Bagneux, fille de
Violette de Talleyrand.
Du château fort datant du Moyen Âge ne subsiste que le colombier,
signe extérieur de richesse, appelé pompeusement le donjon,
sous lequel se trouvent les cachots médiévaux, petites cellules
basses de plafond.
Au XVIIe siècle fut construit un château de style Louis XIII,
entouré de jardins à la française.
C’est Jean Lemaistre de la Martinière qui au XVIIIe siècle
fera construire sur les plans de l’architecte Nicolas Barré
le château que l’on peut admirer aujourd’hui. Le domaine
est alors composé de neuf fermes et de trois moulins.
L’ornementation de la façade, dite façade publique, présente de nombreux angelots, des cornes d’abondance et le soleil. Le centre est composé de colonnes et d’un fronton, surmonté d’un dôme médicéen. L’accès au château se fait par deux entrées latérales derrière les colonnes.
La façade arrière dite façade privée présente un aspectsymétrique, plus sobre. Le théâtre permet au XVIIIe siècle de donner des représentations jouées par ces dames propriétaires du château pour leurs amis ou leurs invités. De l’architecture extérieure on peut encore admirer le campanile et le fronton antique.
À l’extérieur du château, on retrouve l’influence
de Rousseau, c’est le retour à la nature. La Rémarde,
encadrée de ruisseaux a permis à Nicolas Barré de remplacer
la pièce d’eau préexistante par un immense miroir, le
plus grand après celui de Versailles, d’une longueur de 540m.
Les jardins à
la française ont été remplacés par des jardins
à l’anglaise au XIXe siècle. La grande étendue
de gazon est alors appelée tapis. Au début du XXe siècle,
Boni de Castellane confie la restauration et la transformation du parc à
Achille Duchêne, grand connaisseur de l'art de Le Nôtre, qui
a déjà redonné vie à nombre d'oeuvres du maître
et qui fournit un projet grandiose conforme aux goûts fastueux du
comte.
Les travaux débutent en 1903. Devant la façade est du château,
un vaste parterre rectangulaire de pelouses et de broderies, percé
au centre d'un bassin oblong, est encadré par une rivière
doublée d'un canal. Mais les multiples jets d'eau, les bosquets magnifiques
et le canal réservé à l'aviron ne sont pas aménagés
: les travaux sont arrêtés en 1906, lors de la séparation
de Boni de Castellane et de son épouse Anna Gould.
Dans le parc, un
souterrain, éboulé depuis, aurait été construit
pour relier le château de Montlhéry.
Plus loin une rocaille, dite à l’italienne dans le style des
XVIIe et XIXe siècle présentait une cascade.
L’ancienne
glacière qui permettait l’été de retrouver la
glace, découpée en hiver sur les étangs du domaine
afin de conserver les aliments..
Des tables, bancs et fauteuils en marbre sont disposés dans le parc,
dont certains ont malheureusement été dérobés.
LES PROPRIÉTAIRES
Parmi les propriétaires du domaine qui se sont succédé,
deux ont particulièrement marqué le domaine de leur personnalité
:
- En 1516, Jean Hurault, conseiller au Parlement de Paris et maître des requêtes, achète le Marais qu’il agrandit considérablement et dont il plante le parc. Les Hurault conservent le domaine jusqu’en 1706.
- En 1767, le trésorier général de l’artillerie Jean Le Maistre en devient propriétaire, il fait édifier par Nicolas Barré, de 1772 à 1780, un somptueux château sur l’emplacement du précédent. Par héritage, le château et ses dépendances reviennent à sa nièce :
- Adélaïde-Edmée
Prévost (1755-1844), intelligente, raffinée et d'une grande
culture, qui a épousé en 1780 Alexis-Janvier de La Live de
La Briche.
Devenue en 1784 propriétaire du Marais, elle y anime un salon littéraire
où brillent Saint-Lambert, Marmontel, l'abbé Morellet, et
Florian, qui trouve en elle une inspiratrice. Après la Révolution,
« l'institution la plus solide et la plus régulière
de la monarchie » reprend : Chateaubriand, Sainte-Beuve, Morellet
sont des habitués.
Dans le musée, un salon accueille les mannequins de cire de Mme de
La Briche, du poète et fabuliste Florian et de Chateaubriand et de
son amie Pauline de Beaumont, à l’image du salon littéraire
que tenait Adelaïde de La Briche.
- Caroline, fille
de Mme de La Briche et épouse de Mathieu Molé
- La duchesse de Noailles
- La duchesse de Talleyrand
- Violette de Talleyrand
épouse de Gaston Palewski
Diplômé de L’Institut d’études politiques
et de l’École du Louvre, Gaston Palewski (1901-1984) entre
dans la carrière politique comme collaborateur du maréchal
Lyautey au Maroc, puis de Paul Reynaud. Directeur de cabinet du Général
de Gaulle à Londres, Alger et Paris, vice-président de l’Assemblée
nationale, ambassadeur à Rome, deux fois ministre, président
du conseil constitutionnel, sa vie politique est marquée pendant
cinquante ans par son engagement total auprès du général
de Gaulle.
Une petite salle accueille le musée Palewski.
- Anna de Bagneux et Charles Maurice de Pourtalès, enfants de Violette
de Talleyrand.