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Le château du Saussay à Ballancourt était le choix de l’association pour notre sortie annuelle du 18 mai.
Le charmant accueil que nous avait réservé monsieur
le comte Charles de Bourbon-Busset, maire de Ballancourt, dans ce
véritable écrin de verdure et de calme où se
niche sa demeure, nous a fait oublier ce temps gris et maussade et
la menace de pluie qui s’est manifestée alors que notre
visite venait de commencer. Notre guide a su nous faire pénétrer
dans l’histoire et les histoires de ce lieu et nous en conter
les détails depuis les temps reculés où Olivier
le Daim, barbier de Louis XI en était le propriétaire
au XVe siècle.
L’aspect actuel du château, bâti sur les ruines
d’un château féodal, composé de deux bâtiments
se faisant face, date de 1735. Il est entouré d’un superbe
parc romantique, dessiné au début du 20e siècle
par le paysagiste Achille Duchêne, dans lequel se dressent des
platanes bicentenaires autour de deux bassins.
Il fut successivement la propriété d’Olivier le
Daim puis de la famille de Gaumont. Le château sera brûlé
en 1599, puis reconstruit au début du XVIIe siècle.
À cette époque, les bâtiments à droite
en entrant constituaient un corps de ferme, alors que ceux de gauche
abritaient le maître de maison.
Un siècle plus tard, en 1735, Jean de Gaumont décide
de faire de gros travaux pour l’agrandir : il fait raser la
ferme qu’il fait reconstruire à l’extérieur
du château et à sa place il fait édifier un bâtiment
rigoureusement identique à celui de gauche. Le pont-levis a
été conservé.
Les bâtiments à droite du pont-levis sont occupés
par les remises à voitures et les écuries. Ceux de gauche
abritent les cuisines, le fournil et le pigeonnier. Le château
de gauche sert de demeure au propriétaire alors que celui de
droite, plus éloigné des cuisines, et donc moins commode,
sert à loger les personnes en visite.
À la famille de Gaumont succèdera celle de Canclaux
puis la famille de Colbert et celle de Bragelogne. La renommée
de la famille de Bragelogne viendra des malheurs de Nicolas de Bragelogne
qui servira de modèle à Alexandre Dumas pour son célèbre
roman.
Le début du 20e siècle voit s’installer la famille
des Bourbon-Busset. De nos jours, les enfants, et petits enfants de
l’académicien Jacques de Bourbon-Busset sont toujours
dans cette belle demeure.
Nous voici au rez-de-chaussée du bâtiment destiné
à la visite. La première pièce dans laquelle
nous pénétrons est le Grand Salon où nous remarquons
une peinture du château avec son ancienne entrée avec
son pont-levis. Notre guide en profite pour nous conter l’histoire
de ce château. Le mobilier composant ce salon est essentiellement
d’époque Louis XV et Louis XVI. Notre attention est attirée
par un meuble bibliothèque qui a la particularité de
contenir un enfer, c’est-à-dire une cachette permettant
d’abriter des regards indiscrets les livres libertins ou factieux.
Comme dans beaucoup de grandes demeures le Grand salon est suivi du Petit Salon dans lequel on peut admirer les portraits de la famille de Bragelogne et celui de Melle de Lavallière. La fille du comte de Bragelogne avait épousé Jean Baptiste de Canclaux.
Faisant face au Grand Salon se trouve l’intéressante
pièce aux portraits et une chaise appelée « vinaigrette
»
Dans la salle à manger sont réunis des souvenirs de
la famille Colbert : le buste du Grand Colbert, sur la table en-dessous,
quelques pièces portant sa signature, et au mur les portraits
des trois filles du Grand Colbert. Un tableau représente Guillemette
de Colbert qui épousa le 11 mai 1911, le Comte Bourbon Busset.
À sa mort en 1944, le château revient à son fils
Jacques ( célèbre écrivain de l’Académie
Française ), qui en fera donation en 1969 à ses enfants,
actuels propriétaires du château.
La bibliothèque du rez-de-chaussée est constituée
essentiellement par la collection de la famille Colbert, elle compte
plus de 3000 volumes.
Dans l’escalier par lequel nous accédons au premier étage
se trouve une statue du général Auguste comte de Colbert
qui fut tué en Espagne en 1809 âgé de 31 ans.
Nous remarquons une tapisserie sur laquelle se trouve la vipère,
choisie par Colbert pour emblème de sa famille. Auguste de
Colbert avait épousé la fille de Jean Baptiste de Canclaux,
général d’empire et pair de France, qui habitait
le Saussay.
Le premier étage s’ouvre sur la bibliothèque de
Jean Baptiste Canclaux, dont on peut voir le buste au fond de la pièce,
composée essentiellement par ses livres.
Notre visite se poursuit par la chapelle particulière familiale des Bourbon-Busset qui se trouve dans le second bâtiment en face, qui est privé. Elle accueille toujours les cérémonies particulières des propriétaires. Dans l’antichambre de cette chapelle notre guide nous fait un exposé de la généalogie de sa famille.
C’est là aussi que nous retrouvons Dominique Charron,
géobiologue et radiesthésiste, qui nous propose une
conférence sur l’architecture sacrée de la chapelle
templière Saint-Blaise. Elle faisait partie d’un ensemble
de bâtiments, la commanderie édifiée sur 1283m2,
à quelque 500m du château. Il ne reste de cette chapelle
que quelques ruines du chœur. Mais l’endroit est magique
et M. Charron a su subjuguer son auditoire dévoilant les «
ficelles » de cette architecture sacrée.
Rétrocédée par Thierry de Galleran aux templiers,
ces moines soldats qui ont rapporté de Terre sainte le savoir
des bâtisseurs de cathédrales, elle passera ensuite à
un autre ordre en 1312, celui des hospitaliers et deviendra commanderie
en 1356.
Vendue en 1793, elle devient une carrière de pierres entre
1802 et 1806. En 1900, la structure est encore présente. C’est
en 1991 que l’association d’histoire locale Au fil du
temps a pu procéder à un nettoyage suivi de fouilles.
Notre visite s’est achevée au pied des ruines de cette
chapelle, malheureusement sous la pluie, mais chacun était
ravi et encore un peu plus instruit sur notre patrimoine essonnien.